Chapitre XVII

Paris luisait sous un premier soleil de printemps quand Morane y débarqua, à la gare aérienne des Invalides. Tout de suite, en posant le pied sur le terre-plein extérieur, il remarqua la Rolls Royce bleu d’acier et « longue comme un transatlantique ». Un chauffeur en livrée en descendit et s’approcha de lui.

— Êtes-vous bien monsieur Robert Morane ? demanda-t-il.

— C’est moi, dit Bob.

— Monsieur Jacques Lamertin m’a commandé de venir vous prendre et de vous conduire auprès de lui.

— Comme ça ? demanda Bob. Sans me laisser le temps de passer chez moi ?

— Je ne discute jamais les ordres de monsieur Lamertin, monsieur…

Morane haussa les épaules.

— J’ai été absent pendant plusieurs semaines de chez moi. Quelques heures de plus ou de moins ne feront rien à l’affaire. D’ailleurs, mon « chez moi » n’a pas l’habitude de me voir souvent…

Il se pencha vers le chauffeur et le dévisagea.

— Ce n’est pas vous qui voilà deux mois, étiez au service de monsieur Lamertin ?

L’homme secoua la tête.

— C’était mon cousin. Il est en congé pour le moment, et je le remplace pour quelques jours…

— Votre cousin était un fameux gaillard remarqua Morane. Sa livrée vous flotte sur les épaules…

— Les vêtements amples sont à la mode, de nos jours, fit le chauffeur avec un sourire.

— Bien sûr, dit Morane. Et, quand la mode parle…

Il était monté dans la Rolls. Celle-ci contournant les bâtiments de la gare, s’engagea sur le Pont Alexandre et fila en direction des Champs-Élysées. Vingt minutes plus tard, elle atteignait le quartier du Bois et pénétrait dans la rue habituellement déserte où résidait Lamertin…

La grande porte noire bardée de bronze était ouverte. L’auto pénétra dans la cour dallée et s’immobilisa entre la fontaine et le perron, toujours gardé par ses chiens de pagode en faïence bleue, conduisant au « jardin d’hiver ».

Rapidement, Morane gravit les quelques marches et, traversant la grande serre toujours encombrée de ses plantes tropicales et peuplée de sa faune d’oiseaux-mouches et de perroquets, il gagna le bureau de Lamertin. La porte en était close. Il frappa et une voix, venant de l’intérieur cria :

— Entrez, monsieur Morane.

Bob s’apprêtait à obéir, quand il sursauta. Cette voix, là, de l’autre côté de la porte, n’était pas celle de Lamertin. Et pourtant c’était une voix connue, une voix que, déjà, il avait entendu prononcer ces deux mots, « Monsieur Morane », de la même façon. Mais où l’avait-il entendue ? Il n’eut guère le loisir de se le demander davantage, car quelqu’un parla derrière lui.

— Entrez, puisqu’on vous le dit !

Le ton était menaçant. Morane tourna la tête, pour apercevoir le chauffeur qui, debout à quelques mètres en arrière braquait un revolver dans sa direction.

Persuadé de l’inutilité de toute résistance, Bob pénétra docilement dans le bureau. Près de la table monumentale Jacques Lamertin était assis dans son fauteuil roulant. Son visage bronzé et couturé de vieux lutteur reflétait la colère. En face de lui, un homme se tenait debout. Roux, de haute taille, il montrait un visage jaunâtre d’hépatique et ses yeux étaient protégés par des lunettes cerclées d’or, aux verres globuleux. Déjà Bob avait reconnu en lui l’ex-directeur de la C.M.C.A., rencontré à deux reprises à Bomba, la première fois lors de la mémorable séance au cours de laquelle Morane avait imposé sa volonté aux grosses légumes, la seconde à la suite de sa convocation aux bureaux de la Compagnie, lorsque la rumeur sur le dégagement possible de gaz nocifs avait commencé à se répandre.

L’homme au teint d’hépatique s’était mis à rire quand Morane avait pénétré dans la pièce.

— Nous voilà donc tous réunis, fit-il d’une voix sarcastique. Le grand Jacques Lamertin et le célèbre commandant Morane d’une part et, moi, Louis Van Dorf, ex-directeur africain de la C.M.C.A. et inventeur de l’Uranium Europe-Afrique de l’autre.

Morane pensa alors aux paroles de Packart. Celui-ci ne lui avait-il pas déclaré en effet : « Je demeure persuadé qu’une troisième personne ici, à Bomba, travaillait pour nos adversaires. Peut-être même était-ce le grand patron de l’Uranium Europe-Afrique lui-même. » Et dire qu’il avait accusé Packart de s’abandonner trop aisément aux délires de l’imagination, alors qu’il possédait tout simplement le sens de la double vue !…

— Vous ne comprenez sans doute pas, continuait Van Dorf, comment je pouvais à la fois appartenir à la C.M.C.A. et diriger l’Uranium Europe-Afrique. Sans doute ne comprenez-vous pas non plus le sens du mot « inventeur », employé en cette circonstance…

« À vrai dire, j’appartenais depuis longtemps à la première de ces compagnies, alors que la seconde n’existait pas encore. Ce fut après la guerre seulement, quand j’eus la certitude de l’existence de minerais radioactifs dans la région du lac M’Bangi que j’eus l’idée de fonder, dans le plus grand secret l’Uranium Europe-Afrique. Les membres du conseil d’administration me servaient uniquement de camouflage car, en réalité, j’étais seul à tirer les ficelles. J’avais conçu le projet de couler la C.M.C.A. et d’installer ma nouvelle société à sa place. Mais, pour cela, il me fallait attendre que le contrat arrivât à échéance…

« Il y a quelques mois, la situation se présentait donc de cette façon : d’un côté, la C.M.C.A., compagnie puissante et bien organisée, ayant la mainmise sur tout le Centre Afrique ; de l’autre, l’Uranium Europe-Afrique, société fantôme ! Mais j’étais en bonne position pour faire de cette société fantôme un des organismes miniers les plus puissants d’Afrique…

« Quand je jugeai le moment venu, je déclenchai l’offensive, aidé en cela par Bruno Sang. Je n’approuvais guère ses méthodes mais, à présent, je me rends compte qu’elles étaient les seules efficaces.

« Mon plan était de mettre la C.M.C.A. en mauvaise posture au moment même où son contrat devait être prolongé. Devant la situation désastreuse, l’administration du Centre Afrique devait fatalement hésiter à consentir cette prolongation. Je me proposais d’intriguer alors pour que la concession soit endossée à l’Uranium Europe-Afrique.

« La série de sabotages et d’intimidations avait commencé quand Lamertin, pour une raison demeurant obscure, décida de vous envoyer, vous, Bob Morane, jouer les redresseurs de torts à Bomba. Au début, nous tentâmes de vous éliminer mais, par la suite, le Kalima s’étant mis de la partie, nous y renonçâmes, comptant sur le volcan pour avoir raison de vous et de la C.M.C.A. en même temps…

Morane se mit à rire et interrompit Van Dorf.

— Une fois de plus, vous vous êtes trompé, dit-il. Bob Morane a eu raison du volcan, a sauvé Bomba de la catastrophe et a permis à la C.M.C.A. d’obtenir le renouvellement de son contrat !…

— C’est cela tout juste, commandant Morane. Mais, à ce moment-là, vous avez commis l’erreur de croire toute l’affaire définitivement terminée. Vous vous trompiez car, rentré en France, je préparai aussitôt ma revanche. Je payai grassement les domestiques de Lamertin pour les écarter de chez lui et m’y introduire ensuite, accompagné d’un camarade. Vous deviez rentrer d’Afrique ce même jour. Aujourd’hui donc, mon ami ayant revêtu l’uniforme du chauffeur de Lamertin, alla vous prendre à votre descente d’avion, et le tour était joué. Mes deux principaux ennemis se trouvaient en mon pouvoir.

— À quoi cela va-t-il vous avancer ? demanda Lamertin. Seulement à satisfaire une basse vengeance…

De la tête, Van Dorf eut un signe de dénégation.

— Non, pas seulement à cela. Mon plan est en réalité tout autre. Vous, Lamertin, vous allez m’endosser, sur papier timbré et antidaté, votre poste de commandement à la C.M.C.A. Vous êtes tout-puissant, et votre signature, contresignée par deux témoins, fera loi. Mon ami ici présent et monsieur Morane serviront de témoins…

— Vous seriez bien avancé, remarqua Lamertin en haussant les épaules. Tout d’abord, un tel acte doit être passé devant notaire. D’autre part, dès que la contrainte aura cessé, je m’empresserai de désavouer ma signature…

— Ne soyez pas aussi optimiste. Tout d’abord, avec de l’argent, et j’ai derrière moi celui des actionnaires de l’Uranium Europe-Afrique, on peut acheter n’importe quoi, même les services d’un notaire véreux. Quant à vous rétracter, cela vous sera impossible. Tout à l’heure, cette maison brûlera, et vous périrez dans l’incendie. Quant à monsieur Morane, on retrouvera son corps, dans quelques jours, au fond d’une carrière…

Une expression de désarroi total se peignit soudain sur les traits de Lamertin, et sa main gauche fut saisie d’un tremblement convulsif.

— Écoutez, Van Dorf, fit-il. Je signerai tout ce que vous voudrez et vous pourrez me tuer ensuite. Je suis assez vieux pour mourir… Mais épargnez Morane. Il est seul, lui, et je l’ai entraîné dans toute cette histoire…

Van Dorf tira une feuille de papier de sa poche, la déplia et l’étala sur le coin du bureau. En même temps, il tendait un stylo à Lamertin.

— Signez, dit-il.

Lamertin prit le stylo et, en même temps, leva des yeux interrogateurs sur Van Dorf.

— Morane aura-t-il la vie sauve ?

— Il l’aura…

La main de Lamertin s’abaissa vers le papier. D’un coup d’œil, Bob jugea la situation. Le chauffeur, placé près de la porte, tenait toute la pièce sous le feu de son revolver. Avant d’avoir fait un seul pas, Morane aurait reçu une balle dans la poitrine. Pourtant, tout en Bob se révoltait devant cet odieux chantage.

— Ne signez pas ! cria-t-il soudain à l’adresse de Lamertin. Ne signez pas !…

Lamertin releva la tête de façon interrogative.

— Mais vous ne vous rendez pas compte qu’ils ne tiendront pas parole ? fit Morane. Quand vous aurez signé, ces bandits me feront quand même passer le goût de la vie. Je serais un témoin trop gênant pour qu’ils m’épargnent. Alors, mourir pour mourir, j’aime autant y passer sans qu’ils aient leur fichue signature.

Le vieillard se redressa soudain. Il saisit le papier et le déchira en menus morceaux.

Un cri de rage échappa à Van Dorf. Il se précipita sur l’infirme et, à toute volée, le gifla. Alors, une sorte de rauquement sauvage retentit. La fenêtre donnant sur le jardin d’hiver vola en éclats, et une masse fauve, tachée de noir bondit à travers la pièce, pour retomber sur les épaules de Van Dorf. Il y eut un tourbillon forcené, des cris d’épouvante et des rugissements de colère mêlés, puis se fut tout. Poucette se redressa de dessus le corps inanimé de Van Dorf. Un grondement s’échappait de sa gueule ouverte.

À présent, le léopard s’était tourné vers le chauffeur, qui n’avait pas osé tirer de peur d’atteindre son chef et qui manifestait des signes évidents d’épouvante.

— Retenez votre sale animal, cria-t-il en braquant son arme dans la direction du fauve. Retenez-le, ou bien…

Il allait tirer. Sur un guéridon, à portée de la main de Morane, se trouvait une lourde statuette nègre, en ébène massif. Morane la saisit et la lança en direction du pseudo-chauffeur. Celui-ci, atteint à l’épaule, lâcha le revolver, trébucha, tenta de se redresser, mais déjà Bob s’était précipité sur lui et lui administrait une solide correction.

L’homme tomba assis dans un coin de la pièce, peu soucieux, semblait-il, de servir à nouveau de cible aux poings vigoureux de Morane. Celui-ci se tourna alors vers le léopard.

— Viens, Poucette, dit-il… Surveille ce vilain monsieur, et s’il fait mine de bouger, couic !

Poucette porta ses grands yeux d’or sur Morane, puis sur le bandit et, dans un grognement menaçant, elle découvrit une double herse de crocs blancs comme l’ivoire.

Morane marcha alors vers le bureau, décrocha le téléphone et appela la préfecture de police.

 

*
* *

 

La nuit était tombée. Dans le bureau de Jacques Lamertin, après le départ de la police, Morane et l’infirme demeuraient seuls, en compagnie de Poucette. Le corps de Van Dorf avait été emporté et le faux chauffeur emmené sous bonne garde. Cette fois, Morane s’en rendait compte, l’aventure se terminait, et il allait devoir tirer un trait. Lamertin parut saisir sa pensée.

— Voilà une affaire liquidée, dit-il. Grâce à vous, la C.M.C.A. est de nouveau à flot.

— Grâce à moi et à Poucette, fit Morane. On peut dire qu’elle possède un fameux coup de mâchoire…

Le léopard avait posé la tête sur les genoux de son maître et ronronnait à faire croire à l’envol général de la septième flotte aérienne.

— Vous n’avez pas peur qu’après ce qui vient de se passer, elle ne prenne le goût du sang ? demanda Morane en désignant le fauve.

Lamertin se mit à rire.

— Le goût du sang, Poucette ? Voilà deux ans que j’essaye de lui faire manger de la viande, crue ou cuite. Et pensez-vous qu’elle y touche ? Pas du tout. Du pain, du sucre, des pâtes, du porridge, voilà tout ce qu’elle mange, et du lait, beaucoup de lait, des litres de lait, comme un gros chat… Le goût du sang, ma Poucette ! Est-ce qu’un chien de garde prend le goût du sang quand il défend son maître ?

Il y eut un silence entre les deux hommes, puis Lamertin demanda :

— Pourquoi ne pas rester au service de la Compagnie ? Vous seriez largement rétribué et j’ai besoin là-bas d’un homme de votre trempe…

Bob secoua la tête.

— Non, dit-il. La C.M.C.A. m’intéressait quand tout cela allait mal. Ah, s’il y avait encore une Griffe de Feu à vaincre ! Mais, maintenant, toutes les précautions vont être prises et, plus jamais, une coulée n’atteindra le lac sans déclencher aussitôt l’action d’un catalyseur perfectionné. Non, à présent, il ferait trop calme pour moi, à Bomba. Et puis, trop de choses m’appellent encore par le vaste monde. D’ailleurs pourquoi ne partez-vous pas là-bas vous-même, au lieu de demeurer cloîtré ici, dans ce bureau sombre, avec cette forêt vierge de pacotille dans votre dos ? Vous venez de me dire qu’à Bomba on avait besoin d’un homme de ma trempe. On y a surtout besoin d’un de la vôtre… Et la chaise roulante ne change rien à l’affaire. Seule la tête compte…

Pendant un long moment, Lamertin parut plongé dans ses pensées.

Finalement, il sembla se détendre.

— Vous avez raison, dit-il, je partirai à Bomba. Depuis longtemps j’y pense, mais sans parvenir à me décider. Vous venez de me convaincre… Ils ont besoin de moi là-bas…

Un quart d’heure plus tard, Morane se retrouva dans la rue. Avec la venue de l’obscurité, le froid était tombé et il se mit à grelotter dans son trench, trop léger pour la saison. Il revenait des tropiques, et il se sentit seul dans la fraîcheur des nuits européennes. Seul et un peu désemparé.

Il ne le demeura pas longtemps. Il songea aux amis qu’il s’était faits par le monde. Ballantine, Frank Reeves, Aristide Clairembart, Alejandro Rias, Wénéga, le chef des Bayabongo, Packart, Lamertin et tant d’autres.

Morane avançait seul dans cette rue déserte, et pourtant ils marchaient tous à ses côtés.

 

FIN

La Griffe de Feu
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